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16 septembre 2014

Visite bloguesque, suite : une courte lettre

Visite bloguesque, suite : une courte lettre morte à l'absence.

A l'Absence,

Reine de toutes les frustrations, de tous les silences et des vains bavardages, je dédie cette malheureuse épître à ton refus obstiné de te défendre à armes égales contre nos révoltes et, qui fait incontestablement de toi, la détentrice de tous les pouvoirs. 

Je ne veux pas ici évoquer une grande disparue qui me légua un nom de plume et un amour qui ne se peut dire sur ces terres inconnues où passent les compatissants comme les indifférents. L'absence est un mal tout personnel. Non, je tenterai d'un jet de plume, de tourner par autant de périphrases, autour du cercle vide où s'engouffrent nos alarmes, nos prières, notre désolation.

D'abord, j'ai fait tout ce que j'ai pu pour croire en Dieu, histoire de combler le vide laissé par ces espaces infinis qui nous effraient. Oui, j'ai tenté la logique, comme Pascal, la foi pure cousue près du coeur, comme lui aussi, mais quelque chose a sonné faux, très vite. J'ai senti l'Absence se muer en crainte, la crainte prendre la raison d'assaut jusqu'à la superstition ridicule. Mes organes femelles criaient des "pourvu que" et des "plût-il à Dieu qu'il n'en soit pas ainsi". Je voulais être aimée d'une Absence qui n'éprouve aucun sentiment. Mettre l'Absence dans son lit, comme Thérèse, n'en ferait pas une maîtresse docile. On ne discipline pas l'Absence. Car disons-le tout ferme, l'Absence n'est pas "métaphysique", elle est un phénomène physique. Et qui donc résiste, tout comme le frottement mécanique à une force vectrice. Consubstantielle de la Présence, un point c'est tout.

Encore faut-il la trouver, la Présence. Car, l'Absence, contrairement à nombre de manifestations physiques repérées, n'a pas besoin de son antonyme pour démontrer sa puissance. Nous pressentons, alors même que notre conscience ne s'est pas encore bien développée, que nous allons perdre quelque chose. Je me rappelle mon adolescence mélancolique, mes errances dans les couloirs du lycée, les longs ennuis qui, heureusement, rencontraient ceux de Baudelaire dans mes lectures ferventes. Quand j'aimais, c'était dans un absolu douloureux et insatisfait. Je comprenais qu'il y avait dans l'amour quelque chose d'impossible qui avait à voir avec un inachèvement, une absence en fait totalement irréductible. Et "seul est, ce qui n'est pas" disait Macbeth dans ses tourments.

L'Absence fut remplacée par des engagements politiques, idéologiques, des succédanés divers. Et puis je me suis dépouillée de tout l'appareillage bancal des délires collectifs. On me le reproche. Mauvaise citoyenne qui ne vote pas. Je suis devenue l'Absente. Avançant nue vers un Destin nu. Quelques mots pour approcher l'obstacle. Former un langage pour mesurer l'Absence, ton absence, la mienne, celles de tous les autres. 

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