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1 février 2014

A contre-courant. On pourrait largement alourdir

A contre-courant.

On pourrait largement alourdir le faix de la noirceur ambiante et persistante, épaisse, visqueuse comme une nappe de pétrole : le ferait-on que l'on rejoindrait les pauvres oiseaux englués qui attendent le miracle d'un sauvetage improbable ou plus réellement, la mort : on ne serait jamais que dans notre bon droit, assez près de la vérité même en songeant aux millions de chômeurs, à l'horreur morale des défilés de groupuscules scandant des "Juif, va-t-en !", à la perte de la puissance politique, syndicale, à l'union dans la haine de l'extrême-droite et de l'extrême-gauche...La confusion est palpable, comment ne pas la sentir, la voir ?

Et pourtant, d'autres réalités tout en lumière et pas plus contestables que celles que je viens de nommer, existent bel et bien ! D'abord, je tiens à le dire, il faut le dire : il est faux d'affirmer que la France est un pays raciste, faux, archi-faux. Qui tiendrait le discours d'un Gobineau sur la hiérarchie des races aujourd'hui ? Et l'antisémitisme ? A ce qui paraît -selon les statistiques de l'an dernier-, c'est le seul racisme qui reculerait continument. En un an, les choses n'auront pas radicalement changé, il faut le souhaiter. Qu'un homme désigné comme un comique assorti d'un théoricien pourvu de quelques neurones en voie de péremption, additionné d'une ancienne communiste en lanceuse de rumeurs sur l'enseignement du genre à l'école, -comme autrefois on faisait fort indignement du lancer de nains dans un spectacle interdit-, fassent bruire un instant leur sous-développement intellectuel ou éclater le bubon en jets purulents et contaminants, ne doit pas -outre le premier mouvement de recul, de surprise, de dégoût- asservir notre jugement, l'obscurcir. Comme un internaute me l'a écrit récemment, les gens dans leur campagne, les autres dans leur petite ville se moquent pas mal des juifs ; certains n'en ont jamais vus ! En Bretagne, en Charente, en Auvergne, on n'en croise pas beaucoup. Il a fini sa lettre en me disant que ça lui ferait plaisir d'en rencontrer un dans sa vie ! Il en resterait entre cinq cent et sept cent mille en France, ce qui réduit les possibilités, c'est vrai. Quant aux groupuscules qui ont beuglé dimanche tels des supporters alcoolisés dégénérés, avec des méthodes de hooligans- ils n'ont fait que profiter d'une opportunité de clamer haut et fort cette haine que le sur-moi collectif tend à inhiber, mais qu'ils couvent depuis toujours dans leur petite cervelle d'invertébrés.

Parlons de moi, désormais. Simplement, pas de littérature. Jamais un chrétien ne s'est montré haineux à mon égard ; jamais je n'ai pu lire sur son visage le dégoût de ce que je suis. Je dirais même : le contraire. Aux échanges judéo-chrétiens de mon enfance, je n'ai conservé que d'heureux souvenirs. 

Quant à la banlieue où j'ai grandi, j'y ai eu des amis noirs et arabes. De bons amis. Nier ces faits serait aussi grave que de nier le racisme actuel. Nous étions tous marxistes. Peut-être ce point commun s'est-il étiolé.

Habitions-nous un état d'innocence duquel nous avons été délogés ? Non, nous ne vivions pas dans des mondes idéaux mais dans des barres d'immeubles peu avenantes sur le plan esthétique. Et je parle toujours avec autant de plaisir avec des noirs, des arabes, des chrétiens, des athées, des gauchistes et des réactionnaires. 

D'évidence, un climat qui dépasse nos échelles individuelles, s'est délité ; mais on pourrait un instant, comme dans la pièce de Corneille, L'illusion comique, imaginer que tout ceci est un songe fait pour nous maintenir dans une confusion permanente : celle que nous évoluons dans un spectacle de bruit et de fureur auquel il nous faut participer pour nous sentir "vivants"; au lieu de s'accrocher à cette illusion où nous sommes tantôt les acteurs involontaires propulsés sur la scène, tantôt les spectateurs éberlués face à un jeu criard et sans nuances, nous pourrions continuer à rapporter, à témoigner, à raconter, à collecter tout ce qui nous rapproche, à nourrir les connaissances réciproques de nos mondes respectifs ; cela pourrait constituer une politique entre gens de bonne volonté, une nouvelle espérance à faire partager en somme.

Je lance l'idée comme ça ; modeste contribution. Tel est l'objet de ce court billet. Pas plus. Mais pas moins.

 

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