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3 septembre 2011

Entretiens II-l'artiste, les producteurs d'écrit, les éditeurs

Cora D : Pourquoi vous êtes-vous tournée vers la Belgique pour la publication de votre premier roman ?

Moi : Pour beaucoup, la Belgique représente une possibilité nouvelle dans l'expression d'une avant-garde, dans le domaine des lettres, de la danse et même des galeries d'art. Là où pour l'écrivain il semble ardu,souvent incompréhensible, et parfois injuste de ne pas trouver une oreille attentive, en Belgique l'auteur est lu, (même si cela prend du temps) il est corrigé, incité à revoir ceci ou cela. De cette manière, on l'aide utilement à quitter l'amateurisme. Après, c'est à l'auteur d'engager des remaniements : on ne le fera pas pour lui. S'il est pugnace, il renverra le manuscrit après un gros travail sur celui-ci. Peut-être alors, sera-t-il retenu pour l'édition, s'il continue à plaire. Cette simple action semble normale de la part d'un service des manuscrits : c'est le travail long, minutieux de toute personne chargée de faire le tri. Il est indispensable pour l'écrivain de recevoir quelques mots qui motivent le refus. C'est aussi une question de déontologie. En France, je ne sais pas pourquoi, il est courant d'être traité sans aucun égard. Je ne comprends pas absolument pas cette façon de faire. Sans compter que parfois, on vous sur-tarife le renvoi du manuscrit : c'est à la limite du vol ! Quant à la lettre qui est renvoyée à l'auteur, elle est à l'image de la bureaucratie la plus déshumanisée qui soit(un courrier de la CAF ne serait pas moins chaleureux) : le paradoxe de se voir traiter comme un numéro est grand pour une entreprise vouée à défendre la liberté intellectuelle, l'audace individuelle...On touche du doigt un problème important dans notre pays à travers cet exemple...J'ai envoyé L'âge de déraison à sept maisons d'édition françaises et à une maison d'édition belge...Enfin, je pense qu'en France, il y a vrai handicap pour ceux qui ne cotoient pas un certain milieu dit "germanopratin". Il faut nourrir des amitiés, sortir de cercles précis. Je vais vous dire que je ne suis, de naissance, qu'une petite banlieusarde du 93, que j'habite désormais en province et que je n'ai aucune relation dans le milieu éditorial : pensez-vous que malgré ces éléments il me soit possible de réussir en tant qu'écrivain en France ? Sincèrement, je l'espère et qu'on me fasse mentir ! En Belgique, en tout cas, pays de taille bien modeste, on ne s'en remet qu'au texte.

Cora D. : L'impénétrabilité des maisons d'édition ne serait donc pas un cliché...Pourtant que de publications ! La contradiction n'est-elle pas frappante ?

Moi : Chère Cora, vos études vont vous conduire tout droit à fréquenter des personnes de ce milieu et qui sait, peut-être qu'avec le récit de mon expérience, vous deviendrez un phare pour tous les écrivains qui ont quelque chose à dire et qui peuvent ramener notre pays au rang des grandes nations d'artiste. Ce n'est ni Musso, ni Nothomb, ni Angot, ni Lévy, ni Galvada qui vont changer, éclairer la pensée, l'art, la langue...Ce sont des produits "discounts", on le sait tous. Pourtant, il nous faut de vrais artistes, pas des étudiants dans leur mansarde, pas des "pseudo-branchouilles" au nombril très profond, pas des poètes-pouets-pouets du dimanche qui pensent qu'écrire " c'est que du bonheur". (Qu'est-ce qu'ils m'emmerdent tous ces gens avec leurs petites miettes de bonheur, leurs petites fientes dont ils sont si contents) Non ! Il faut des grands avec de l'ambition, des individus qui mettent le doigt là où la société craque, là où l'homme tombe, là où la vie s'extasie et flanche ! La société française se médiocratise comme toute la civilisation occidentale, d'ailleurs. Les gens mangent mal (voir les stat de l'obésité), regardent trois à quatre heures la télé par jour (encore d'après les stat), se gavent d'internet et sont collés à leur engin portable, les jeunes en classe de seconde considèrent Molière comme un auteur de langue étrangère (je suis enseignante, je peux donc en témoigner) et certains professeurs renoncent à leur faire lire des classiques pour se rabattre sur des livres d'A.Nothomb !  Il est courant qu'un élève de première présente une copie avec plus de vingt fautes d'orthographe...Voilà. N'avez-vous, chère Cora, pas souligné le fait  que Civilisation perdue avec sa "prémonition" de la fin de notre monde aurait quand même pu trouver un éditeur ? Le nombre, le nombre...Ont-ils raison parce qu'ils sont nombreux ou est-ce le nombre qui finit par leur donner raison ? Peut-être faudra-t-il dévaluer les exigences pour escompter faire partie de ces gentils marchands de bonheur médiocre. 

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