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11 septembre 2011

Cora D/ Reine Bale : l'entretien.

Cora D. : D'un point de vue esthétique, vous vous revendiquez d'une forme classique (je m'en réfère à votre précédent blog où vous posiez ces principes d'emblée) ; d'un point de vue idéologique, il est plus difficile de vous cerner : on voit bien une critique de la civilisation occidentale, les failles par où elle s'effondre (c'est très clair dans Civilisation perdue et dans Une moitié d'homme) mais on ne sait pas si chez vous le salut est politique, culturel, religieux...

Reine B : Vous parlez de salut comme si un écrivain était missionné par une instance supérieure pour prophétiser, ramener l'être humain aux vertus cardinales oubliées. Avant d'écarter cette hypothèse, on peut rappeler quand même qu'écrire procède (et devrait procéder)d'un élan métaphysique et s'édifie sur l'effort de transcription du problème métaphysique : un livre devrait nous conduire systématiquement  vers un "fondamental indémêlable" mais omniprésent. La chute -d'un homme, d'une civilisation est-elle un mal nécessaire ?  La base "conceptuelle" de tout roman provient de l'idée simple, du constat métaphysique que l'humain est une sorte d'impossibilité  : cohabitation de raison et de déraison,  d'un corps et d'un esprit, de désir de vie et de mort, de haine et d'amour, de chaos et d'ordre...Ambivalences insoutenables qui dans le meilleur des cas se désynchronisent à l'échelle d'une vie mais qui parfois se téléscopent. C'est là que le roman commence à travailler l'écrivain...Donc, bien sûr, étant une personne de culture juive ayant évolué dans la société française, étant elle-même un mélange de christianisme et culture gréco-latine, je porte avec moi des conceptions bien ancrées : une forme d'éthique religieuse passée au tamis de la république...Mais pour répondre à votre question à fond, je n'ai pas fait le pari de dieu. Il faut abdiquer un peu de raison pour imaginer que dieu "est", que nous sommes faits à sa semblance et que le mal est un "programme intégré". Bon, je ne vais pas réduire de façon simpliste tout ce qui pourrait constituer une vraie foi. Et comme bien sûr, comme je n'accorde pas de vérité à une vision délivrée par une abstraction transcendantale, je n'en accorde pas davantage à ses substituts autoproclamés : les idéologies politiques et ses représentants. Hélas, je n'imagine pas d'ordre sociétal idéal. Pour moi, c'est la tension qui est l'état normal de toute société. Une meilleure répartition des richesses atténuerait sans doute nombre d'injustices, mais ne constituerait pas le remède de notre société malade : malade de ne plus chercher à faire valoir la culture contre l'inculture, une forme d'universalité contre la revendication spécifique (le "tout se vaut"), la qualité contre la quantité (la crainte que les français s'arrêtent de consommer), les droits contre les devoirs...Je sais, j'ai un côté "Finkelkraut". Est-ce la droite, la gauche qui incarnerait le mieux ce que je pense ? Je ne veux pas donner dans le relativisme (cela dépend, ça ne veut rien dire...), mais si là encore vous voulez savoir le fond de ma pensée,la démocratie est un système pour les faibles, (comme le dit Nietzsche, pointant par là le danger de sa dérive "médiocrate"), qui si elle veut se pérenniser doit être forte. Or, la troisième république, qui avait réussi à hisser nombre de personnes hors de leur petitesse sociale( il n'y à qu'à lire les Paroles de poilus pour s'en apercevoir), à faire vibrer l'élan patriotique..., c'est fini. Le danger qui menace la démocratie est-il réversible ? La médiocrité a-t-elle définitivement gagné ? C'est possible, mais je ne crois pas que l'histoire ne nous réserve pas des surprises. Dans mon for intérieur, je crois que nous sommes dans les premiers soubresauts d'un enfoncement durable, sinon je n'aurais pas écrit Civilisation perdue

Cora D. : Pourriez-vous nous parler de votre dernier roman et de la façon dont vous voulez le faire paraître ?

    R.B : vos questions sautent du coq à l'âne ! Mon dernier roman est fini : il concerne la vieillesse et la proximité d'avec la mort. Deux ans et demi, presque trois ans de travail. Je suis très fière, mais je ne sais pas encore sous quelle forme il paraîtra. Je vais d'abord essayer les maisons d'édition classiques car j'ai mes faiblesses : je veux être reconnue pour mon travail. J'en suis à un stade (quatrième roman) où cela devient important pour passer du stade d'"émergente" à "consacrée" ! 

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