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6 février 2015

Partir.

Quand la fin approche, on la sent trompeusement comme un début. Un cycle d'écriture s'achève laissant derrière lui les souvenirs confus des visages qui l'ont empli et il faudrait partir, s'arracher au confort des attachements, faire ses adieux, livrer son corps à l'exil permanent, répéter le départ, si l'on est toutefois de la race des juifs errants qui n'ont qu'une loi écrite et une infinité d'occasions de la raconter, de l'interpréter, de la comprendre jusque dans les plus infimes retranchements de la vie : la loi et le récit, les deux articulations de la tradition mystique juive qu'explique le célèbre ouvrage de Gershom Sholem ; tâche qui revient à tout homme dont la vocation est celle d'écrire, conscient qu'un langage lui a été confié non pour rivaliser avec l'énorme mouvement physique de l'univers dont il ne possède qu'une dérisoire et précieuse compréhension, mais bien pour imaginer une intention, une nécessité aux lois que la science dans son génie dénoue. L'écrivain qui se refuse à considérer l'énigme toujours intacte, n'est déjà plus écrivain. Il décrit, il reporte, il transpose, il photographie, mais il ne propose pas une interprétation ; même celui qui écrit avec "style" sans l'inquiétude métaphysique rivée au fond des boyaux, n'est déjà plus écrivain.

Mais que signifie alors partir ? Et pourquoi partir ?

Partir : quitter un état fini dans lequel on se finit. J'ai exploré d'importants pans de création par et dans ce blog : du fragment, au court récit, du roman feuilletonnesque à la nouvelle. Continuer reviendrait à céder à la tentation de la reproduction ; et finalement, risquer de rejoindre le modèle conchié des gros producteurs de néant verbal dont chaque "livre" est le bégaiement du précédent. L'enjeu pour moi est de passer désormais le cap de la fragmentation pour former une oeuvre où sera synthétisé, le plus possible, tout ce que je sais de ce monde ; je veux entreprendre de construire mon monument (je sens que ce mot est emphatique) qui me prendrait plusieurs années (j'ai déjà commencé) et qui exigera de moi, une solitude plus grande encore ! Partir plus radicalement de ma déjà mince visibilité. Ce qui signifiera : plus grande rareté d'apparition, moins de tenue du blog, moins d'usage du réseau etc...

Déjà un moment que cette idée me trottait dans le tête et que je la repoussais un peu, craignant mon absence de courage.

Mais je ne puis agir autrement. J'ai tourné des dizaines et des dizaines de fois la question dans mon esprit et la conclusion est toujours la même : je ne sais pas vivre, enfin au sens où beaucoup de gens l'entendent. M'amuser ne m'intéresse pas, voyager, je m'en fous, voir des tonnes de personnes : pareillement ; passer mon temps à bien bouffer : m'en contrefiche ; consommer des produits culturels (concerts, théatre) : très peu pour moi. Une seule chose qui m'aille : les livres. Les lire et les écrire. Il faut donc aller jusqu'au bout pour ne pas finir... en moitié d'homme.

Avant cette plongée en eaux profondes, je voudrais écrire une série d'hommages à ceux qui comptent pour moi. Pour qu'ils sachent ou sentent à quel point ils font partie de ma vie, et pour les remercier d'être sans le savoir les inspirateurs de mes personnages de roman.

Cette série commencera la semaine prochaine sous forme de portraits, dialogues etc... A bientôt, donc !

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