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20 juillet 2013

Chapitre II- La disparition de Régina Basel, suite du feuilleton.

Chapitre II, suite. Si vous prenez le train en marche : feuilleton littéraire. Voir le résumé fait dans le billet du 13 juillet (le précédent).

"Focus on Régina Basel".

..."Nous voici donc devant la maisonnette qui abrite Régina Basel. Un point caché au milieu d’une forêt épaisse du sud est de la France, non loin de Manosque. La discrétion de son habitante tranche nettement avec le tapage qui entoure sa vie depuis son installation dans cette terre provençale. Régina, pour les lecteurs des médiocres pages régionales de La Provence, -le journal du cru qui célèbre autant les kermesses de village en les rangeant dans les feuilles culturelles que le nombre de morts au sortir des boîtes de nuit de la région en les insérant au chapitre : « Société »-, fait partie de ceux qui ont eu quelques lignes dans la rubrique « faits divers » et qui est désormais oubliée de tous, sauf de l’ennui qui a élu asile dans les cafés, les parties de boules, l’inertie hivernale, les commérages de quelques commerçants dont le fonds de conversation, après les inéluctables commentaires sur la météo trop vite épuisés, trouve heureusement à rebondir sur « du croustillant ». Oui, car Régina Basel a bien crée quelques remous, des débats passionnés avec des « pour », des « contre », des modérés et mêmes quelques abstentionnistes. Son cas a été abondamment et brillamment développé dans la fiction d’une talentueuse romancière dont le curieux pourra se référer en toute liberté auprès de l’artiste elle-même (L’anéantissement, par Reine Bale, reinebale@gmail.com ; généreuse, elle vous fournira le roman sans rien demander en échange), mais il conviendra de rappeler à grands traits quels furent ses agissements et leurs lourdes conséquences au lecteur, lequel n’aura pas eu le loisir de lire cet admirable livre. Voici comment La Provence elle-même traita du sujet : « Drame passionnel : une femme résidant dans la belle localité de S…-J…, accablée par la nouvelle du remariage de son ancien mari, a attiré ce dernier chez elle sous un prétexte fallacieux et à seule fin d’essuyer une vengeance parfaitement préméditée en castrant l’ex-époux. Heureusement, le couteau « a fourché » ne blessant que très légèrement la victime. La femme a ensuite pris la fuite, se rendant à Paris où elle a finalement décidé de passer aux aveux dans le commissariat du XIIème arrondissement. Après expertise psychiatrique, le Procureur de la République aurait décidé son internement en établissement spécialisé. »

            Inutile, je crois, de préciser que rien dans ce résumé n’explique la complexité du « passage à l’acte », comme on dit. Mais, si je me fie à ce que raconte Reine Bale dont l’extrême minutie permit le glissement entre la vue externe d’un journal de province et la pénétration omnisciente du roman, on comprend vite que Régina Basel est une sorte d’artiste du « ready-made », prête à casser la baraque pour remuer les sensibilités endormies, mais cantonnant son acte à quelque blessure dont le spectaculaire est à la mesure de l’inoffensif. Un acte « dada » finalement, si l’on veut bien se souvenir que le summum de l’acte surréaliste selon une fort célèbre profession de foi consistait à sortir dans la rue et tirer dans la foule au hasard ; déclaration qui n’a jamais été suivie à la lettre, heureusement, mais dont la teneur radicale a bien pu « provoquer », objectif déjà bien plus effectif que les bravades verbales de quelques artistes anti-conformistes.

            Régina serait, si l’on en croit encore la source la plus accessible, revenue dans ce village après avoir expié sa faute dans un centre pudiquement appelé « centre de soins » et sa fille, gardée par le père, viendrait sporadiquement rendre visite à sa mère. Elle aurait exercé le métier de professeur de français, mais vu la situation, elle serait pour l’instant mise en congé longue maladie. Que les faibles émoluments reçus dans le cadre de cette mesure administrative ne permettent à Régina que la conduite d’une vie frugale, voilà dont on ne peut douter. Que son état moral soit fluctuant, voilà qui est certain. Ce que l’on ignore en revanche, c’est ce qu’elle manigance toute la sainte journée dans cette maisonnette dénichée six mois plus tôt pour échapper aux regards insistants des curieux, regards parfois trop inquisiteurs à son goût.

            Patrick Latour, l’ami facebooker de Régina, l’homme qui s’était mis en quête désespérée, insensée sans doute de retrouver cette femme, n’avait de toute cette histoire, pas eu vent. Et peut-être que cette part cachée lui eût permis de se guérir définitivement de sa curiosité si elle avait été portée à sa connaissance. Quant la folie montre son vrai visage, quand l’aliénation se décrit dans les bribes d’un récit ou d’images, peu lui trouvent encore un attrait propre à séduire, sauf à être soi-même atteint du même mal. Quand la séduction joue avec la folie, elle accroît son pouvoir en redoublant l’énigme ; mais quand l’énigme se résume à la folie, elle fait fuir.

            Patrick Latour happé par un mystère plus grand que Régina, ouvrit donc son ordinateur… 

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