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10 octobre 2011

Histoire de communiquer ; crash test de l'écrivain

Depuis peu, je suis sur Facebook : je fais ce que je crois bon pour me faire connaître. Me faire connaître est devenu une grande affaire depuis tant d'années que j'écris. Quand je vois l'usage que l'on fait de cet "outil de communication", je me dis que c'est le plus souvent un prolongement de la conversation de comptoir ou bien, autre possibilité, le lieu d'un speed dating de l'auto-promotion permanente. Chacun y va de sa petite réflexion, de sa petite indignation, de son annonce événement...chacun, en fait, me rappelle (moi y compris) les putes d'Amsterdam enfermées dans des vitrines : indifférentes aux regards des passants mais ne vivant qu'à travers eux. Il faut passer autant de temps à écrire qu'à faire le tapin. Mais je crois que même le putanat classique ne fonctionne plus à en croire les procédés de la plupart des intervenants : on fait semblant tous réciproquement de s'intéresser à ce que font les autres. J'ai abandonné jusqu'à cette posture, c'est dire la dérive "autistique" qui est la mienne : je travaille fermement à me rendre insensible à 1) toute personne qui ne lit pas mon travail et n'est pas en mesure d'en discuter 2) toute marque apparente d'intérêt qui ne serait qu'un usage de ma personne dans le but d'accroître "un réseau". Et puisqu'un vrai artiste ne craint pas d'être "à rebours", je ne crains absolument pas la solitude. Plus mon trajet est difficile et plus il gagne en densité. Je n'existe pas "pour" ni contre, mais bien pour reprendre quelques mots de Valéry "en moi-même, à moi-même" non loin d'un "coeur, aux sources d'un poème". Et d'enchaîner avec Montaigne, il faut "nous prêter"à tout le monde ne se) donner qu'à soi même."  

Il y a enfin d'autres moyens d'établir de vrais liens : s'écrire "ad hominem", se lire, polémiquer. Mais je crois que cette volonté n'est pas là à l'heure où la grande soupe du tout communication a mixé dans le même chaudron "publicité" "narcissisme" "lutte existentielle de l'ego""exhibition" "relation"...

Aussi, si bien souvent j'accepte les invitations sur les réseaux me sentant, l'espace d'une demi seconde, contente de rentrer en contact avec mon prochain, je n'en vois pas ensuite quelque intérêt que ce soit : j'observe rarement des discussions de fond s'engager sur ce que nous produisons réciproquement. C'est pourquoi, je préfère m'exprimer sur ce blog : ici, au moins des personnes souhaitant s'exprimer sur le travail que j'y présente, le font sans ambiguités et, chose appréciable, en m'écrivant directement à mon adresse mail. (reinebale@gmail.com)

C'est de cette manière que je rencontre vraiment des individus individués et dont j'apprends aussi à connaître le travail. Cessons de nous déballer comme des vieilles occasions sur le marché de la culture, sortons de nos vitrines où quelques désoeuvrés nous regardent du coin d'une pathétique rétine où se renvoient nos solitudes. Acceptons la vraie et grande solitude, écartons les contacts écraniques.

Il y a trois ans, j'ai vendu Civilisation perdue (mon troisième roman) en faisant du porte à porte, façon représentante de commerce à l'ancienne : ce fut long, difficile mais inouï. Des personnes qui ne lisaient jamais se sont mises à lire avec mon bouquin. Des heures de discussion, parfois. Et oui, je peux dire (malgré mon appartenance incontestable au genre féminin) que je n'étais pas un de ces mondains écouillés à gémir sur la croissante inculture de nos concitoyens ! Tous ces émasculés qui ne connaissent du monde que leur tour d'ivoire dans laquelle ils se sont verrouillés ! Tous ces pleutres inconsistants dont le seul risque consiste à traverser sans se faire écraser la large chaussée du Boulevard Saint Germain ! Je propose (puisque le moment est au retour de la politique)d'établir une sorte de "crash test" littéraire : envoyons P.Sollers et toute sa clique de penseurs dénervés, enseigner en ZEP ! La réalité en face ! la littérature confrontée à des êtres de chair et de sang ! Au boulot bande de couennards ! Stop à la littérature sans hommes dignes de ce nom, stop à la littérature devenue un fait virtuel aussi glissant et inoffensif qu'une colonie d'escargots dans un jardin d'automne ! 

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Commentaires
R
Depuis que la parution de ce post, j'ai reçu 11 invitations facebook ! S'il est un dieu, c'est sans conteste celui que les grecs avaient conçu dans leurs admirables tragédies : ironie, retournement du destin, punition contre l'arrogance fatale (démesure). De Facebook j'ai médit, de Facebook viendra la sanction !<br /> Reine Bale
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