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contempo-reine
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26 février 2015

Coups de griffes à moi-même, pour finir.

II- Auto-critique ; retour du balancier.

Ai-je accumulé assez de haine en moi pour sortir les ongles de mes confortables coussinets et perdre de l'énergie à griffer femmes idiotes et hommes creux, peuples entiers, civilisations, stupidités ponctuelles ou durables, mesquineries basses ou grandes trahisons, faiblesses et renoncements, lâchetés et misères mal cachées sous des voiles mensongers que l'on dira pudiques, ai-je donc grossi le furoncle de la haine jusqu'à faire céder sa douloureuse tête blanche en pus épais et visqueux dont l'écoulement, je le gage, posséderait l'effet miraculeux de convertir la saleté en pureté ? Suis-je de ceux qui vitupèrent à qui mieux mieux dans la béance phénoménale de l'un de ces gigantesques trous noirs depuis la nuit des temps sans pouvoir empêcher la Nuit de recouvrir le Temps, le voudrais-je même si je le pouvais ? Oui, le voudrais-je de ce monde appelé depuis mes anticorps qui plus courageusement que ma conscience mènent une lutte acharnée pour libérer mes cellules de ses infections ? Qu'est-ce que je cherche à la fin dans ces mots que je compare à des petits photons, naïvement, grotesquement, dérisoirement, pompeusement, petites particules de lumière -quand je suis sous l'emprise d'accès lyriques- qui nous aident à mieux voir ce que nous sommes ; comme si je savais, moi, ce que nous sommes...? Comme si tous les livres mis bout à bout pouvaient nous le révéler ! Comme si même, je pouvais le voir, comme si le fait d'écrire pouvait en quelque sorte m'extraire de l'humanité commune, me conférer un regard, extérieur, qui ne serait pas le mien, un regard extra-territorialisé ! Et...comble du ridicule, ces yeux-là emprunteraient le langage, comme si le langage appartenait à un autre espace-temps, miraculeusement libéré de l'Histoire et de mes petites histoires où se sont usés les mots jusqu'à ravauder la trame de mon épiderme... Et moi, si j'avais à me regarder comme je regarde autour de moi, ne verrais-je pas en gros plan ma participation infinitésimale à l'extension du trou noir ? Bien-sûr, n'épargnons rien ni personne, à commencer par moi.

 Non, la vérité est que j'y ai trouvé le moyen (dans cette enclave d'écriture), mais c'est un moyen comme un autre, après tout -je ne voudrais pas me complaire dans l'auto-critique facile, ce sport moderne élevé à un niveau de compétition inégalé où il s'agit de tenir dans un élastique tendu à l'extrême, la préservation de son "moi", même laminé, humilié, rabaissé (comme il se doit à ce stade de la compétition) et l'image glorieuse qu'on pourrait en tirer et dont on pourrait jouir immédiatement, cela va sans dire (c'est le but ultime et non avoué de cette rude discipline) comme un petit séducteur qui s'en prend aux fille faciles, pas "trop compliquées" pour ne pas mettre sa carrière en danger, la vérité, je reprends (mon esprit zigzague ; il s'affole comme une girouette dans tous les sens où il croit s'attraper bien que seul le vent le dirige !) est que j'ai trouvé le moyen, dans l'écriture, de ne jamais me mêler trop longtemps à mes semblables, qui dans un contact prolongé (deux heures, environ, au-delà, j'explose) provoque en moi un ennui profond. Ma solitude, que j'aime à trouver élégante de temps à autre (et même,  je m'offre le luxe d'en souffrir authentiquement !), n'est qu'un repli de misère duquel, en charognarde de la condition humaine, je ne sors que pour bouffer les restes, à coup de stylo, certes, mais faut-il rajouter, la souffrance est mon fonds de commerce (un commerce que je n'ai pas eu l'impudence de rendre lucratif, ouf !) : mon oreille traîne partout, ma tête comme celle de la chouette hulotte tourne à 360°, et ce que j'aime par-dessus tout, la nuit venue, est de rôder autour des carcasses. 

Suis-je devenue insensible ? Celui qui écrit, -n'est-ce pas, avouez tous !- a trouvé une excellente parade pour être sans y être, aimer mais avec beaucoup de recul et de distance prudente qui passera d'abord sous le faisceau tranchant de l'analyse, il aimera mais de loin -pourvu qu'on ne le dérange pas dans les cimes de concentration où il s'est placé pour toucher quelque idée formidable qui démêlera en une seconde le sort du monde et des imposantes questions métaphysiques qui le torturent (mais, heureusement, le langage présente des possibilités rhétoriques infinies, et le paradoxe, permettra à son esprit ultra-lucide de délivrer d'impénétrables formules sur la totalité et l'infini que même les plus grands astrophysiciens, depuis leur télescope géant, ne parviennent pas encore à appréhender)...Enfin, heureusement, la science va vite, très vite, et bientôt la connaissance ne sera à la portée que d'esprits qui auront travaillé toute leur vie à démêler un minime aspect de la physique quantique ou je ne sais quoi encore ; aux autres, il restera les miettes, et ces miettes, ils auront, nos créateurs (dont misérablement, je suis...j'ai honte !) l'aplomb de croire que c'est encore quelque chose, et peut-être même le tout, et peut-être même l'énigme...Non, une autre vérité : la seule conquête, l'unique aventure, est spatiale (l'univers présente des dimensions intéressantes...) et si j'avais mieux choisi ma vie, je serais aujourd'hui astro-physicienne : là, je ne m'ennuierais jamais. Car l'homme, qu'on qualifie d'historique, avec de fortes variantes de comportements depuis la Préhistoire, depuis le peu que je l'étudie, adopte finalement d'étranges constances de comportements : il naît, va à l'école, trouve un boulot, se reproduit, vieillit et crève. Rien de neuf sous le soleil, et bientôt en dehors de lui.

Je suis bien sévère avec moi-même ; c'est la moindre des choses. Un retour de politesse, de courtoisie élémentaire ; même dans les glaces, je demeure bien élevée. Un vieux reste de loi juive pendouille à ma conscience ; de temps en temps, je l'agite un peu pour lui faire prendre l'air ; une petite révolution nostalgico-mystique et je reviens à ma place de grande sceptique. Je ne peux me mêler durablement à personne, mais devrais-je ajouter, pour finir cet accès de rage contre moi-même, à aucune idée. Les jérémiades juives me donnent envie de m'énerver contre un chat innocent que je verrais passer sous mes yeux -j'oubliais un certain penchant pour la violence physique-, les gauchistes eux, devraient passer à un décervelage rapide et lobomisateur et qu'on en finisse, les droitiers et leurs énervements m'amusent mais me fatiguent aussitôt, les musulmans et leurs conneries islamistes me filent des boufioles, les chrétiens trop mous à intervenir pour défendre leurs frères qui crèvent en Orient me rappellent que l'Occident est un lieu d'"humanisme indifférent"... rien ne trouve grâce à mes yeux !

Allez, je vous laisse là, et surtout j'ouvre la possibilité, par ces mots, de vous défouler contre moi. Après tout, je ne me suis pas gênée, moi !

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