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3 septembre 2014

L'anéantissement, XIII

Avant-dernier épisode de notre roman : L'anéantissement, XIII.

 Tôt les infirmières pénétrèrent dans sa chambre. Il leur demanda à quel moment il pourrait quitter l’hôpital : « En fin de matinée : on fait une dernière échographie et voilà, vous êtes libre. » Il se rendormit et fut réveillé cette fois par la stridence du téléphone de sa chambre d’hôpital. Ce réveil fut pénible ; il sentait toutes les terminaisons de son corps tressaillir. La douleur se réveillait, le testicule le fit bondir ; c’était Hélène, son ancienne belle-mère.

« - Denis ?

Cette voix chevrotante de contrition, il ne mit pas longtemps à la reconnaître. Les parents de Régina avaient toujours été des personnes respectables, pas toujours bien lunées, mais avec ses parents corses, ma foi, il avait été à bonne enseigne. Denis avait été élevé dans l’austérité et l’exubérance des méditerranéens ; catholiques parfois sévères, villageois, médisants, bigots surtout les femmes, et en même temps libres, surtout les hommes. Régina ne supportait pas cette répartition des rôles que, dans une moindre mesure, elle avait fuie chez elle. Quand elle se rendait en Corse, elle sentait le plomb qui pesait dans ses semelles. Si elle pouvait de temps à autre envoyer balader ses parents, c’était exclu avec ceux de Denis. On la regardait agir, on la jaugeait, on ne riait pas beaucoup, mais il fallait à chaque fois qu’elle fasse la démonstration de son sens de la famille et qu’elle prouve, ô combien, elle méritait Denis. Car dans cette famille méditerranéenne, le fils est un Dieu. En naissant, il transforme sa mère en divinité. Et le reste doit l’admettre. Le reste : Régina. Alors, pour Denis, les parents de Régina n’étaient jamais qu’une déclinaison de ce qu’il avait connu chez lui et qu’il ne voyait pas d’un mauvais œil puisqu’il avait le beau rôle. Il n’avait d’ailleurs pas compris pourquoi Régina s’était si souvent pris les pieds dans le tapis avec ses parents. Et parfois, rechignant à venir en Corse, elle créait de l’animosité, gâchait le plaisir à Denis de retrouver ses parents et sa nature consacrée. Au moins Maureen, elle, les voyait pour qui ils étaient : des vieux villageois s’acquittant des jours qui leur restaient à vivre en se cramponnant à leurs valeurs. Et puis Maureen, elle-même inculte, ne voyait pas le manque d’éducation des parents de Denis comme un obstacle à la communication.

- Hélène ? C’est vous ?

- Oui…Je…Enfin je suis gênée de vous appeler. Et soulagée d’entendre votre voix…Est-ce que c’est grave ?

Toujours cette pudeur pour ne pas nommer les choses directement…

  • Non, vraiment pas sur le plan physique. La cicatrisation est rapide. Pas d’effet sur ma vie, a priori.

Il faisait un gros effort pour rester poli, mais il avait envie que la conversation s’achève et vite.

  • Ah, vous ne savez pas à quel point je suis rassurée…Vous imaginez bien que je n’approuve pas…

  • N’en parlons pas. Je vais vous rassurer immédiatement : je ne tiens pas à porter plainte. Régina est la mère de Camille.

  • Merci, oh merci…Ma fille, comment dire, a toujours été un peu…

  • Je vous en prie, n’allons pas plus loin, tout ça est déjà tellement pénible…

  • Bien…Vous ne voulez pas savoir ce qui se passe pour Régina, Camille ?

Il voulait savoir, oui. Mais comment expliquer à son ancienne belle-mère que ce n’était pas le moment ? Qu’il n’était absolument pas disposé à écouter les problèmes des autres ? Qu’il n’aspirait qu’à se vidanger le cerveau ? Que pour se sentir prêt à nouveau, il lui fallait enfin ce temps, où rien ni personne ne parasiterait sa conscience ?

  • Je récupérerais Camille à la fin de la semaine comme c’était prévu.

  • Le préfet a décidé de faire interner Régina…, continua Hélène.

La douleur se réveilla, plus incisive que jamais. Régina…Elle venait de rappeler l’existence de Régina dont la présence quelque part en ce monde, lui semblait évanescente. Pourtant, elle avait été derrière le couteau, elle « avait tranché »…Folle, c’est bien ce qu’on était autorisé à penser d’elle. Et pourtant, quelque chose dans la phrase d’Hélène dissonait. Internée, elle est internée. La distance entre le jugement immédiat et la conséquence, choquait sa conscience entrebâillée sur l’extérieur. Il réalisa que c’était un humain qu’il avait aimé, et non « une femme » parmi d’autres. Internée : l’image de Régina en tenue de patiente, immergée au milieu des psychopathes lui sembla intolérable. Pourtant, il était sa victime de circonstance. Depuis deux ans, il lui avait paru évident que la vie sans elle était bien plus tolérable, et il n’avait eu de cesse de vouloir « s’en débarrasser ». Là, il souffrait pour ce qu’ils étaient devenus en tant que couple et pour Camille, il souffrait doublement. Jamais, il n’avait perçu à ce point la fracture à laquelle la rupture les avait conduites. Une vision synthétique de la situation lui parvint plus vite qu’il ne le faut pour le dire : il se voyait lui avec son testicule amoché (quelle grotesque blessure !), il voyait Régina passant de belle intelligence cultivée et créative, à petite détenue dans un costume rayé, et au milieu de tout ça, une petite fille qui n’avait rien demandé. Tout ça, oui tout ça pour Maureen qui désormais allait l’attendre au tournant ! Le tourmenter, lui faire cracher le morceau ! Oui, il était demeuré attaché à Régina et cela, toutes les Maureen du monde n’y pouvaient rien !

Il se souvint aussi par fulgurances avoir voulu la disparition de Régina quand elle gémissait pour l’empêcher de partir. Une femme qui lui avait paru parfois intraitable, exigeante avec elle-même, belle femme, intelligente, mais écorchée vive…L’aimer avait été si difficile. Cela avait été une chose grave, sérieuse. Importante. Il n’avait plus tenu le coup. L’aimer à plein temps avait été comme un travail de chaque instant en plus de tous les devoirs qu’un homme doit s’acquitter au cours de son existence. Et il fallait l’avouer, il avait eu envie de céder aux chants de la sirène, de se vouer à son corps qui dès qu’il y pensait, instillait une sève pétillante dans ses nerfs vieillissants. Il avait chaud et avec Maureen, il avait trouvé la fraîcheur. La libido de Régina avait connu des fluctuations qu’il s’imaginait ne plus jamais rencontrer avec Maureen.

Hélène, au bout du fil, sentit toute la déflagration que le mot « internée » provoquait en lui à travers un silence aussi dense que la journée qu’il venait de passer. Il mesura ce que le sort de Régina ravivait en lui.

C’était comme de lui annoncer une nouvelle aussi sérieuse que la perte d’un parent avec lequel on vient de se fâcher : tout ce qui s’est passé avant la dispute s’efface et il ne reste plus que la vérité du moment. Je n’ai pas su l’arrêter, j’aurais dû essayer de comprendre ce qui se passait dans son esprit et peut-être, qui quelques mots, quelques paroles que je lui ai toujours refusées, cette gentillesse qu’elle réclamait et que Maureen m’interdisait de lui manifester parce qu’elle était encore plus jalouse que Régina…

  • Ecoutez, Hélène, quoiqu’elle m’ait fait, essayez de la faire sortir ; je l’aiderais pour l’avocat. Je devrais la haïr, l’exécrer encore plus qu’avant, mais voyez-vous, je sais que Régina n’est pas une mauvaise fille…

  • Oui, Denis…Pardonnez-lui, vous serez grandi. Elle n’a jamais été bien facile, ma Régina, mais elle n’est pas méchante ; elle n’a pas l’âme d’un dangereux agresseur tout de même ! Oh, mais je suis vraiment désolée pour vous…Elle n’a pas voulu d’avocat ; elle a dit que pour une fois, elle savait pourquoi on la punirait.

  • C’est absurde !

  • Elle a tellement souffert, Denis. Même moi, sa mère, je n’ai pas pris toute la mesure de sa douleur…Vous savez, j’étais très prise par mon propre deuil…

  • Oui, oui…

Denis sentit là, comme jamais, à quel point il avait été loin de son drame. D’un coup, il éprouva un malaise, comme une faute qui lui était désignée et que son âme aveugle n’avait alors même pas perçue. La vérité était qu’il s’était rendu presque en catimini à l’enterrement de son beau-père. Pour les condoléances : un message sans chaleur sur le répondeur d’Hélène. Régina avait eu droit à ce qu’il garde Camille quelques jours pour les formalités, l’enterrement et tout le tralala. Il ne s’était pas joint à elle une minute pour se recueillir en sa compagnie. Moche que tout ceci. Vraiment pas de quoi pavoiser.

  • Je sais que pour un homme, ce type de blessure est perturbante…Nous avons souffert aussi…

Il ne sut plus vraiment quoi dire ; le courage lui manqua pour être lâche à nouveau.

  • Je comprends. Écoutez, il va falloir essayer de faire sortir Régina…

  • J’essaierais, mais je crois qu’elle est obligée d’en passer par là…C’est mieux que la prison, non ?

  • Oui…je dois vous rappeler…j’ai mal…Surtout ne dites à rien à Camille, pour le moment… 

  • Oui, oui Denis…

  • Je viendrais prendre Camille dimanche au train…Au revoir… »

Il ne mentait pas ; il souffrait pour de bon.

 

Pour beaucoup le 24 février 2013 fut une journée comme les autres. Une pâle lueur d’hiver, l’écoulement sans surprise des minutes, des occupations professionnelles connues et répétitives. La journée occidentale. Pas différente de celle qui précède et de celle qui suivra. Cette prévisibilité est-elle le point culminant d’une civilisation rassurante, rationnelle, pourvoyeuse d’une occupation certes routinière mais nourricière ? Ou bien ce moment de banalité forme-t-il le pire état d’une humanité sans nerf, déprimée, qui pour repartir chaque jour au charbon est obligée de se gaver de médicaments, de se bourrer de vitamines, de trouver des exutoires à n’en plus finir ? Ce quotidien détesté parfois devient celui que l’on convoite le plus quand on est malade, sans travail, sans rien…Ainsi donc, le choix d’un occidental se résume à deux états possibles : la marginalité de celui qui survit sans rien, ou bien l’ennui routinier de l’employé moyen. Ce jour-là comme tous les autres fut statistiquement ce qu’il devait être : la ponctuation identique de la journée occidentale moyenne. Mais, Régina s’était décrochée de ce temps, Denis aussi sans le vouloir, et leur désynchronisation ne ralentissait en rien l’ensemble de la marche. Le stagiaire Stéphane qui passait son temps à lire des récits de vie où le temps tombait d’une marche, se demandait où passaient, dans la vision globale de la société, toutes ces petites intempéries qui semblaient ne jamais affecter l’ensemble. Le temps, comme une voiture accidentée, pouvait subitement faire des « tonneaux », mais on rétablissait le plus vite possible la circulation, voilà ce qui lui parut. Le drame de Régina pouvait bien le bouleverser, toucher Denis de plein fouet : mais ce qui leur arrivait ne modifiait presque en rien l'avancée d'un rouleau compresseur qui, quoique légèrement dévié, reprenait toujours sa tâche, écrasante. Ils étaient pour ainsi dire invisibles : l’individu occidental, revendiqué si haut si fort, n’est finalement pas plus « distinct » dans la masse que celui des sociétés asiatiques où domine l’impression de « masse » informe tournée uniquement vers la réalisation de la nation. Et peut-être même que l’idée d’une vie privée, de problèmes privés dont personne ne doit se mêler, permet-elle à la société de se décharger encore davantage du poids des individus, pour en faire des êtres légers, uniquement tournés vers leurs obligations. Le divorce multiplie « les unités économiques » dépendantes de leur travail et donc crée des créatures dociles à cet égard, peut-on même penser, sociologiquement parlant. La liberté privée ne devient qu’un leurre supplémentaire octroyé à la masse, tout comme la liberté de consommer peut le devenir pour le citoyen illusoirement consentant, c’est ainsi que Stéphane analysa « la chose ».

 

Stéphane scrutait les pages des journaux : aucune tentative d’émasculation dans la rubrique des faits divers. Les bandeaux des chaînes d’information en continu n’en parlaient pas davantage. Il se demanda un instant si tout ceci n’avait pas été juste écrit, juste rêvé. Il prit le manuscrit ; un seul numéro de téléphone sur la page de garde. Un mobile. Il le composa. Répondeur. Je ne suis pas là pour le moment…C’était la voix de Régina.

Que valait ce manuscrit ? Valait-il pour sa qualité littéraire ou pour tout le reste ? Il demeurait perplexe. L’entrevue avec l’Éditeur, c’était pour aujourd’hui. Il fallait parler franchement de ce livre, de son désir d’embauche. L’attente l’anéantissait. Le dernier acte de son passage ici, devait maintenant trouver son dénouement. Le Temps, pour une fois, se pencherait pour l’écouter.

 

-Chapitre VII-

 

Camille était, au dire de tous, une petite fille adorable mais prenante. Elle réclamait une attention constante et pourrait-on dire, effrayante. Plus elle grandissait et moins elle savait faire « sans » ses parents. Régina avait toujours tenté d’anticiper ses désirs pour en faire une enfant qui ne doutait jamais de l’amour de sa mère ; et elle le payait par une attitude attentiste qui se résumait par la traditionnelle question « Et qu’est-ce qu’on fait maintenant, maman ? ». L’autonomie, cette fameuse obsession des pédagogues de tout poil, elle en était à des années-lumière. La faute à Régina, estimait Denis qui n’avait pas tenté d’infléchir l’évolution entropique de cette famille. Régina n’avait pas su donner autre chose à Camille qu’un modèle d’amour en fusion, où les deux êtres disparaissent ensemble à défaut d’exister isolément. Il y avait bien une origine à ce problème dont elle avait conscience sans toutefois pouvoir contre réagir : c’était sa volonté de ne pas reproduire sa relation à sa propre mère, relation antagoniste faite exclusivement de reproches. Sa mère, elle l’avait toujours identifiée comme une femme surmenée à qui la charge de tout faire tenir ensemble revenait sans partage. L’amour qu’Hélène éprouvait pour Régina n’avait pas trouvé le loisir d’être développé, comme interrompu en pleine croissance. Et puis, elle ne connaissait pas les petites choses qui remplissent le cœur d’un enfant, comme de l’emmener au parc, de le fasciner d’une belle histoire, de lui accorder ne serait-ce que quelques instants d’exclusivité. Trop rares furent ces moments dont Régina se souvenait précisément. Surtout, ce jour de varicelle où sa mère n’avait pas pu faire autrement que de rester avec elle, là à la soigner, à lui appliquer une sorte de produit bleu sur ses boutons. Et aussi, comme le temps commençait à se faire long sans sortir, elle lui avait acheté un joli canevas à coudre. Régina, qui n’était pas bien douée pour les travaux manuels, avait réussi à finir sans accroc son petit métier qui représentait des animaux de basse-cour. Ces trois jours, où sa mère s’était arrêtée de travailler comme employée à la quincaillerie du quartier pour rester soigner sa fille, fut pour Régina un enchantement : d’un coup, il n’y avait plus ce grand tout familial informe auquel se devait sa mère, mais deux êtres, une adulte et une enfant, qui se livraient à la tendresse de leur lien.

Mais Régina avait surtout appris dans son enfance à se passer de ces petites preuves d’amour. Adulte, elle prit l’exact contrepoint de ces années. Elle sur-investissait son lien avec Camille en se trouvant présente sur toutes les bornes de son existence : pour ses devoirs, ses jeux, ses activités, sa santé. Elle l’amenait et la ramenait à l’école, à son activité sportive le mercredi après-midi, elle s’employait à organiser son anniversaire, à essayer de lui montrer Noël sous l’angle le plus féerique, à la sortir pour l’initier au goût du spectacle qu’il soit cirque, théâtre, musique, cinéma…Il y avait dans ce tourbillon l’envie de tordre ses propres frustrations d’enfant, de les broyer dans un surmenage qui n’avait d’évidence aucune vertu éducative, sauf à considérer qu’un cerveau est comme le foie d’une oie au moment de Noël. Camille était donc l’enfant de sa génération, éveillée mais difficilement concentrée, ayant tout mais ne trouvant jamais rien qui la contente, n’ayant de gratitude que celle qui arrangeait ses intérêts. Jolie môme de dix ans, un peu bêcheuse avec ses cheveux bouclés comme des anglaises, et depuis que ses parents étaient séparés, facilement en proie à la colère, à la dissipation, à la tristesse. Aussi Camille prit du poids : elle était devenue comme on dit « bouboule ». Pour Régina, cette dégradation était inacceptable. Son obsession inconsciente de ne jamais faire connaître un moment douloureux à sa progéniture dont l’origine serait ses propres géniteurs, était à tout jamais compromise. Camille avait eu droit au discours de la raison de ses deux parents, qui avaient entendu des psychologues les incantations à réciter chaque soir : « Oui papa t’aime, oui maman t’aime, oui c’est mieux comme ça. Tu te rappelles les disputes ? Tu n’aimais pas ça, hein ? Et bien maintenant il n’y en aura plus… » Amen.

Camille pleurait en classe, se plaignait du haut de ses neuf ans de maux de ventre importants et répétés, Camille criait à la maison au moment de faire ses devoirs, Camille ratait ses contrôles, Camille se réveillait plusieurs fois par nuit et se remettait à faire pipi au lit, Camille en faisait voir de toutes les couleurs à sa mère comme pour lui dire ; « Tu ne m’as pas protégée du chagrin, tu n’as pas tenu ta promesse de réjouissance éternelle. Papa ne t’aime plus. Mais as-tu fait tous les efforts pour qu’il continue à t’aimer ? N’étais-tu pas emmerdante quand tu rompais sa solitude du week-end pour qu’il vienne t’aider aux tâches ménagères ou bien à sortir ? Qu’est-ce que tu voulais à la fin ? Qu’il bosse toute la semaine et qu’en plus il fasse ce que tu voulais le week-end ? Est-ce que c’est sa faute si tu n’as jamais réussi à faire autre chose que prof, alors que lui est un brillant ingénieur ? Est-ce sa faute si tu n’as pas réussi à faire publier les deux romans que t’as écrits ? Tu ne t’entends avec personne ! Mais moi quand je vais chez mémé Hélène, je me sens bien, alors qu’on dirait que toi, tu cherches continuellement la bagarre avec elle ! Et ne parlons pas de mamie…c’est vrai qu’elle est comme tu dis « tout à la bondieuserie », mais quoi ! Tu ne sais pas aimer les gens pour ce qu’ils sont. C’est vrai que papa t’a fait souffrir, c’est vrai que cette Maureen ne t’arrive pas à la cheville, et je ne suis pas sûre que papa l’aime beaucoup…Il se force un peu, je crois…Mais tu ne vois que ta souffrance à toi, et elle t’aveugle. Tu passes ta vie à lutter contre ce qui te fait souffrir et tu ne te rends pas compte qu’en me servant tout sur un plateau, j’étouffe, je ne sais rien faire, je suis vide, je ne sais même pas si j’ai une envie bien à moi. Si je suis seule une minute, sans copine, sans toi, sans papa, je suis perdue. Heureusement, les écrans m’apaisent comme le jeu de tennis sur la wifi, il y aussi mes dessins animés fétiche et les sucreries que j’ingurgite. Car depuis qu’il est question de séparation, papa et toi vous êtes moins attentifs à ce que je mange, vous essayez de me contrarier encore moins qu’avant en m’achetant tout ce que je demande. Et puis si je m’en prends à toi, maman, c’est pour une raison simple, pas très glorieuse, je le reconnais, c’est que toi, je peux t’atteindre, toi, je sais que tu vas prendre au sérieux une phrase du genre : « aujourd’hui, j’ai eu mal au ventre », tu vas sonder si c’est somatique, psychologique, ou les deux à la fois. Avec papa, c’est « prends un spasfon, ça va passer ». Je ne sais pas ce que je préfère. Mais mon monde s’écroule depuis qu’on n’est plus une famille. Ma réalité voit double. Et je n’aurai jamais de petit frère comme j’en rêvais. Maman, tu étais prête à ravoir un enfant il y a deux ans, mais papa t’a dit « Avec Camille, on a vécu sous tension pendant deux ou trois ans, alors un autre enfant…Je ne me vois pas recommencer ces nuits entrecoupées. Peut-être que déjà, il ne t’aimait plus comme avant…Enfin, je ne sais pas. J’ai envie de pleurer… »

Quand Camille apprit qu’elle ne reverrait maman en pleine forme que dans deux mois, et qu’entre temps, elle passerait beaucoup de temps avec son papa, sa mémé qui allait habiter la maison de Régina pendant ce laps de temps, elle ne fut curieusement guère bouleversée.

« Maman a besoin d’être soignée. Elle était un peu malade et fatiguée, tu comprends ma chérie ?

- Oui, mémé. Mais ça va durer longtemps ?

- Non, pas trop…deux mois.

- Je pourrais la voir quand même ?

- Oui, bien sûr…Mais ce ne sera pas très souvent.

- Mémé…J’en ai tellement marre que mes parents soient divorcés…J’aime pas Maureen. Je veux que maman se sente bien.

- Tout va très bientôt s’arranger, ma chérie. »

Les euphémismes des adultes ou alors les généralités qui promettaient un meilleur avenir, commençaient à éveiller la méfiance chez Camille qui avait appris à moins les croire. Et si l’instant fut épargné par ses larmes, ses peurs, il en fut comme mieux saturé la veille de son départ pour Aix-en-Provence où elle devait rejoindre son père à la gare. Avant de partir, des sanglots étouffés puis bientôt torrentiels baignèrent sa figure encore poupine. Le cœur d’Hélène en fut déchiré. Et comme elle réclama sa mère, Hélène composa alors le numéro du centre d’internement psychiatrique où se trouvait Régina ; c’était la deuxième fois, depuis sa garde à vue qu’elle parlait à sa fille. Elle venait d’être transférée au centre.

« Je t’en prie, Camille ne sois pas triste, je t’en prie. C’est un court moment…Tu sais, on va s’écrire tous les jours…Je vais tout t’expliquer. Je t’ai déjà dit que j’ai blessé papa. J’étais en colère. Maintenant, la colère est partie…

  • Papa dit que tu ne lui as rien fait ! Alors tu vois, tu peux revenir !

  • C’est qu’il est très fier ; mais je lui ai fait drôlement mal quand même…Dis, tu peux me rendre un service ?

  • Oui, maman.

  • Prends un stylo et demande à Mémé d’écrire quelque chose.

  • Je l’appelle…

Régina, depuis le standard, était écoutée ; on vérifiait toutes ses communications téléphoniques.

- Maman, tu sais, j’aimerais bien que tu appelles un certain Stéphane du Service des Manuscrits de la Maison d’édition « Mourir de lire »…Tu peux lui dire où je suis ?

- Oui, c’est à quel sujet… ?

- Un livre que j’ai écrit…

- Je ne savais pas que tu écrivais des livres, ma fille.

« ma fille »… avec toute la tension qu’elle avait fait subir à sa mère ! C’était sans doute, de toute sa vie le moment le moins justifié pour l’appeler tendrement « ma fille » ! La vie empruntait des chemins surprenants parfois. Régina fit mine de ne pas remarquer. La pudeur se tenait de son côté.

- Oui, je ne sais pas ce que ça vaut…

- Tu as toujours aimé lire et parfois, c’est vrai quand tu étais enfant, tu écrivais des histoires, tu faisais aussi des fiches critiques sur les films que tu regardais…J’aimerais bien lire ton livre.

De plus en plus intrigant…Sa mère se remémorait donc autre chose que tout ce qui les séparait ! C’était vraiment gênant. Régina n’avait pas été habituée à ce que sa créativité soit considérée comme une « valeur » de sa personne.

- Oh, tu sais, c’est sans prétention.

Elle ne voulait pas aller plus loin : ce livre incarnait à bien des égards sa seule réalisation, sans l’aide de personne. Il fallait protéger ce qui lui restait en propre. Jamais donc elle ne lui avouerait que l’écriture était bien la seule chose qui avait eu un sens pendant tous ces moments de souffrance, de doute, de solitude, plus que Camille encore. Entre deux êtres, il y a parfois des distances plus infranchissables que n’importe quelle forteresse perchée réputée imprenable.

Et pourtant, depuis que Régina se trouvait entre les mains de la Justice, elle retrouvait la bienveillance, comme une sorte de réhabilitation de sa personne que Catherine Baretto lui inspirait. Sa mère elle-même semblait prête à entendre qu’elle n’était pas qu’un « problème », que des qualités ignorées constituaient tout autant sa personne que sa nature « réfractaire ». Il faut dire qu’Hélène, désormais seule, libérée de cette dévotion servile envers un mari qu’elle imaginait comme le dépositaire de son existence même, nouvellement chargée de la petite Camille les deux tiers du temps jusqu’à la libération prochaine de sa fille, commençait à entrevoir du haut de ses soixante-dix ans, ce que pouvait être la vie d’une femme libre. Quelque chose la poussait vers sa fille. La sécrétion d’un sentiment nouveau et en même temps familier. Peut-être, dans les sinuosités compliquées de l’existence, avait-elle fait circuler un fluide d’elle à Régina, fluide qui contenait tout à la fois des odeurs qui lui étaient propres, des désirs que sa fille avait repris à son compte, des embryons de pensée qui s’étaient atrophiés dans le quotidien étriqué de son foyer et que Régina avait développés, jusqu’au bout de leur monstrueux enfantement. Oui, car Hélène avait subi parfois, outre l’irascibilité de son mari et son introversion de taiseux, ses façons sans délicatesse, sans ménagement, sans douceur. Il l’avait même giflée une fois si fort qu’elle en était tombée à terre, sous les yeux d’enfants hagards, interdits, malheureux. Si bien que Régina fixa à tout jamais, dans son esprit, cette vision comme celle d’un contre-modèle ; sa mère, ce monceau de faiblesse, peuplait ses cauchemars nocturnes qu’elle finissait en larmes. Elle rêvait qu’Hélène était atteinte d’un cancer incurable, qu’elle allait mourir. Elle était alors si faible, plus démunie qu’un enfant…c’était atroce. Le monde se renversait, la fille voulait protéger la mère, mais la mère partait inexorablement.

Régina était maintenant aux mains de l’ordre, aux mains de ceux qui allaient lui apprendre à se protéger de ses démons, de ses fantasmagories crépusculaires ; le rêve commun de la mère et de la fille avait été enfin concrétisé en retournant l’arme contre l’acteur symbolique de leurs tourments. Le père était mort et enterré, Denis était blessé. L’hubris puni. On pouvait maintenant envisager l’amour, revenir à l’avant de la chute, à une parole dépouillée de ses artefacts. La mère le désirait ardemment, Régina hésitait encore. On la traitait comme une fillette avec des autorisations limitées à tout, pour tout ; on la soignait avec retard. Régina n’attendait plus Denis, n’attendait plus rien, mais n’éprouvait aucune mélancolie ; était-ce le fait des anxiolytiques, des calmants dont on apaisait ses nerfs ? Il y avait aussi ces instants de parole où le fleuve noir de ses turpitudes se déversait. De l’origine à nos jours. Catherine Baretto la mettait sur la voie, ses théories devenant celles de Régina, Régina à son tour donnant le grain à moudre de la théorie…

Elle finit par lui écrire une lettre comme on vide son sac :

« Madame Baretto,

Je serais apparemment amenée à vous revoir, à vous parler. Il fallait néanmoins que les éléments parfois volatiles des émotions se fixent par écrit. Je sais qu’avec vous, il y aura une tentative fine de comprendre mon « moi » trop longtemps sevré de parole.

Oui, oui, je le reconnais, oui, j’ai été sauvage, hystérique, n’ayons pas peur de l’affirmer. Possessive jusqu’à la folie. La peur d’être seule sans arrêt rejouée. Denis m’aimait au début, il m’aimait un peu idéalement, un peu comme un être irréel. Et moi, j’en profitais pour me l’attacher. C’est ainsi : il fallait appartenir à quelqu’un absolument, exclusivement. Me décharger d’un « moi » angoissant. Mais sous des dehors très dociles, il est devenu au fil du temps indomptable. Il avait caché son jeu au départ en se montrant aussi doux qu’un agneau. Je lui ai découvert des passions comme la physique nucléaire, passion dévorante qui engloutissait notre vie ; j’ai vu aussi chez lui le désir permanent d’assouvir ses pulsions sexuelles : il aimait ces excitations, ces sensations comme si se jouait quelque chose de fondamental que je ne cernais pas trop. Notre relation dépendait beaucoup de la fréquence de ces ébats. L’ayant vite compris, je m’organisais intérieurement pour le satisfaire à intervalles réguliers, car je n’éprouvais pas cette urgence de la même manière que lui. Mais s’il n’avait pas montré un désir aussi fervent, n’aurais-je pas douté de moi, de nous ? Un paradoxe, encore. Et s’il n’avait été rien en dehors de moi, ne l’aurais-je pas écrasé de mon mépris ? Des contradictions, décidément. Ce qu’il faut que vous compreniez, Madame, c’est qu’au moment où Denis m’a quittée pour une autre, je commençais à entrevoir ces contradictions. S’il y a un choc, il est là. Comme si, d’un coup Denis m’enlevait la possibilité d’aller vers le mieux, de résoudre ces oppositions que je croyais incompressibles, de le laisser être enfin et de l’aimer ainsi. J’étais stupide de le croire. En fait il complotait depuis longtemps contre moi, avec l’aide de sa mère. Sa mère n’aimait pas que Denis, son gentil petit garçon, n’ait pas une femme au caractère très facile, qu’il ait à se battre, quoi. Ils ne m’ont laissé aucune chance. Elle savait qu’il en aimait une autre car il le lui avait dit. Il disait tout à sa mère. Et elle, au lieu de tenter un rabibochage, s’est trouvée pleinement satisfaite sans l’avouer, bien sûr. Il était à elle, à nouveau à un âge où on n’ose plus y songer.

 

Les choses se sont passées ainsi. Denis me traitait de plus en plus comme une amie lointaine. Il réclamait moins d’ébats. Je le laissais toujours plus à ses activités sans lui réclamer cette fusion impossible. Je pensais que nous allions vers une véritable entente. Je ne faisais plus de crise, essayant moi-même de développer mes passions. Dans le village, j’avais crée un comité de lecture, j’écrivais moi-même des nouvelles dans un atelier d’écriture, je m’étais mise à la gym (moi la réfractaire à l’activité physique). Reprise en main d’un corps laissé à l’état de friche depuis l’accouchement. Décidée à plaire, à vivre enfin une aventure intellectuelle (je m’étais même décidée à concourir pour les nouvelles que j’écrivais), à connaître une complicité différente avec Denis qui ne soit pas réalisée par ces étranges rapprochements d’organes génitaux périodiques…Et non, voyez-vous. On oeuvrait à part moi à mon annihilation. A ce qu’encore je reparte à zéro. Denis ne devenait pas plus sage, n’évoluait pas dans une direction commune. Non, il empruntait un autre chemin ; en fait son énergie sexuelle ne se muait pas en désir d’entente spirituelle, ne tentait pas du tout de se raccorder à moi, non, elle s’était juste déplacée sur un autre objet de désir. J’avais cru à presque quarante ans à la bonification, à une sorte de relation pacifiée, mais c’était exactement le contraire. L’entropie. Peut-on se remettre de cette illusion ? Ma question, comprenez-moi madame Baretto, est plus que « circonstancielle ». Elle est philosophique, métaphysique si vous voulez : faut-il, pour être dans le vrai, dans le juste, vomir l’humanité, la regarder comme un peuple vil, enclin au mensonge, livré aux pires bassesses, faut-il pour ne pas en être la victime, passer son temps à affûter ses armes, à vivre aux aguets ? …

Enfin…c’est pourquoi, il semblait plus calme, plus distant avec moi, moins réactif sur des broutilles quotidiennes qui parfois créent des heurts intolérables au sein des couples. Je sais que vous me rappelez avec justesse qu’on ne peut confondre l’ordre moral et l’ordre amoureux…Mais alors pourquoi notre société tout entière nous ment-elle en nous racontant la faribole de l’amour rédempteur ? De l’amour éternel ? De l’amour comme une idée belle et généreuse ? Pourquoi ne nous dit-on pas tout simplement que les hommes cherchent quelque chose, les femmes une autre ? Comprenez-moi, j’ai grandi dans une famille où pour tenir ensemble, mes parents ont dû renoncer à eux-mêmes et ma mère, plus que mon père, cela va presque sans dire. Vous dites que je n’en sais rien puisque mon père ne parlait pas. C’est vrai, c’est mon interprétation. Mais la gifle que maman a reçue, hein ? Encore un défaut de perception peut-être ? Je suis entre vos mains, je suis entre les mains de la Justice, de la psychiatrie et je vous le dis : je suis saine d’esprit. Et vous êtes parfaitement d’accord avec moi. Vous voyez, vous êtes au service de la fabrication de la norme. Car si vous étiez logique, vous seriez la plus révolutionnaire des révolutionnaires. Pensez-vous que Rosa Luxembourg fût une sociopathe ? Pensez-vous qu’une légère entaille au testicule d’un homme constitue autre chose qu’un juste renversement des choses, un simple coup de semonce lancé à un homme qui ne distingue plus le superflu du nécessaire ? Nostalgiques inconscients de l’héroïsme guerrier, les hommes ont reporté leur véhémence sur les rivalités économiques et dans la domination sur les femmes aussi. C’est bien connu. Ne s’assurent-ils pas ainsi, pendant qu’elles sont occupées à les retenir, à rivaliser entre elles, à essayer de survivre économiquement, leur domination sur la société ? N’essaient-ils pas sans cesse de nous réduire à des joujoux sexuels ? Vous le savez, n’est-ce pas ? Projetez-vous dans une autre époque…Auriez-vous jugé « pathologique » la vengeance d’un esclave noir, qui aurait par exemple séquestré son patron blanc pendant plusieurs jours pour exiger de lui que le maître accomplisse toutes les tâches auxquelles il l’astreint quotidiennement ? La Justice aurait-elle fait appel à vous pour délibérer ? En auriez-vous conclu à une bouffée délirante ? Voici encore : un homme qui après des années de bons et loyaux et services, un travailleur qui sans être parfait, accomplit honnêtement son travail, se voit éjecté de son emploi sans ménagement. Il devient « fou », il casse l’ « outil de travail ». Un sociopathe ? Doit-il être jugé ?

Vous parlez d’amour, mais un mariage après tout, c’est un contrat, je n’ai rien inventé. Je n’ai forcé personne. Je sais qu’il peut en aimer une autre et que le mariage n’est pas le bagne. Oui, c’est là que j’ai tort. C’est toute l’ambiguïté du mariage : on ne peut sans doute pas mettre les sentiments et les désirs sous contrat. Et à être honnête, je n’aurais pas voulu d’une vie où Denis aurait été « moralement » obligé d’honorer les termes du contrat sans éprouver un reste d’amour. Mais le contrat cassé, il avait des responsabilités envers moi et Camille. Du respect d’abord. Il aurait dû s’interroger en homme, en adulte et père. Faire vivre Camille sous le même toit que Maureen, si vite, si brutalement, n’était-ce pas une façon d’affirmer simplement la souveraineté de son égoïsme ? Et ce déménagement prochain qui allait conditionner encore toute notre vie à Camille et moi ? Son plaisir doit-il donc en passer par notre sacrifice ? Je ne vois plus ici où se trouve « le consentement mutuel ».

Voyez, je crois que Denis comme tant d’autres n’est qu’un consommateur ; il vient simplement de découvrir que toute la société l’y incite et qu’il peut aller plus loin, impunément. Tout ceci est légal alors que ce contrat touche sa femme et sa fille, subsidiairement. Et ce n’est même pas le pire des hommes.

La question est : comment revendiquer la tentative d’écouillement ? De quelle manière ? L’entourer d’une définition un peu réductrice du féminisme ? Je ne préférerais pas. Trop de femmes sont complices de la grande illusion du couple marié. Il me semble qu’il serait plus honnête de dire que j’ai réagi contre une forme de préjudice moral. Dans le fond, les femmes dans leur ensemble, je ne sais pas ce que c’est. Les femmes, c’est aussi des bécasses comme Maureen qui pensent qu’en se mettant un homme dans leur lit à l’aide de prothèses en tout genre et qui n’ont pour lecture que des magazines féminins, atteignent le même niveau de puissance qu’eux. Je pense aussi à toutes ces femmes qui reproduisent dans l’éducation de leur garçon tout le machisme dont elles deviennent les pires thuriféraires, à toutes ces femmes au foyer qui s’emmerdent et se pendent au téléphone toute la sainte journée quand ce n’est pas devant un écran de télé…Je ne sais pas ce que c’est que « les femmes ». Je ne suis pas une femme, si on va par là. Je suis un être humain victime d’une société dont les ressorts pervertissent les mécanismes intimes des individus. Autrefois, il y avait des motifs religieux pour écraser notre sexe, aujourd’hui, c’est plus simple : nous nous livrons nous-mêmes aux lois de la consommation. Aucun de ces deux systèmes, je pense n’est respectable. Mais pourtant, vous estimez qu’une femme qui répond à toutes les attentes des hommes, qu’elle le veuille ou non (car à la fin, on ne sait même plus ce qu’on veut pour soi-même, n’est-ce pas ?) ne constitue pas un danger pathologique ; non puisqu’elle vit conformément aux impératifs de la société…Grâce à moi, votre « Observatoire des nouvelles violences » va prendre un nouvel essor, madame Baretto… »

 

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