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12 septembre 2011

Et pour finir : conclusions de l'entretien.

Cora D. : Pensez-vous qu'en accédant à de gros tirages vous n'aurez pas la tentation d'affaiblir votre travail ?

Reine B. : C'est vrai qu'on voit ça tout le temps. Des écrivaillons (et beaucoup d'écrivains femmes, de quoi devenir définitivement misogyne!) pondent leur oeuf "littéraire" confondant les menstruations et l'injonction artistique. Elles écrivent comme elle "sentent" disent-elles ; elles écrivent avec le sang menstruel comme Angot, avec les fureurs de la passion comme Lydie Calvaire, dans la sublimation des maternités comme Nothomb (il est évident qu'avec sa production, elle rêve d'une famille nombreuse). Des utérus qui écrivent pour les utérus des livres sur l'utérus (une nouvelle venue : Carole Martinez). Héritières de Marguerite Duras sans doute. Bêtes à en crever. Et n'offrant aucune hauteur de vue à la littérature. Là aussi, ces sensibilités écorchées m'emmerdent, me donnent des boufioles ! Et puis il y a les hommes : des vrais bourricots avec une queue énorme qui n'ont rien trouvé de mieux pour défendre le modèle civilisé de l'homme occidental que de passer leur temps à vouloir reproduire les frasques de Casanova ! Cf : Frédéric Beigbeder, rejeton tardif d'une lignée dégénérée, P. Sollers (qui veut encore nous persuader que sa tête de moine peuple les rêves érotiques de tout un convoi de femmes)et même Houellebecq (que j'aime bien quand même) me fatigue dans sa complaisance pathétique. Voulez-vous que je vous dise ? Même P.Roth sur qui j'avais commencé une thèse m'horripile avec sa profession de foi "je bande donc je suis". Mais là, je ne voudrais quand même pas le mêler à ces ersatz d'artiste pré-cités. La littérature aurait-elle perdu de vue ses enjeux ? Le risque est là : on affadit avec le nombre. Je ne sais même pas comment on peut lire les auteurs que je viens de citer. L'avantage de ne pas connaître un succès précoce, c'est de pouvoir parler dans le vide, de ne pas craindre la réprobation de celui qui édite, de ne pas redouter la sanction économique, le placard médiatique. J'imagine que s'il vous a plu de m'interroger, c'est pour cette raison. Quand on regarde les émissions littéraires, on a envie de roupiller. Tous ces gens bien élevés à vendre leur camelote ! C'est putassier. Il est vrai que je me suis fâchée avec des éditeurs de qui j'aurais pu obtenir -mais ce n'est même pas sûr- une publication : un monsieur de Flammarion auprès de qui j'ai été recommandée, idem pour Denoël...Quelques courbettes patientes et déférentes -auraient, qui sait- pu attirer l'attention. Mais je ne suis pas un bon élément, je suis une mauvaise citoyenne avec un sens très aigu du conflit. J'ai envoyé une lettre terrible à O. Rubinstein (Denoël) après Une moitié d'homme. Je suis sur la liste noire. Un éditeur aujourd'hui préfère quelqu'un de présentable qui saura parler aux lectrices des magazines féminins et vous savez pourquoi : le prix Fémina voyons ! Voilà, je suis atrabilaire, venimeuse, pas du tout consensuelle. Les écrivains m'assoupissent, je hais tout le monde et n'aime que moi ! Trop de défauts. Et puis, je suis en colère : comment se fait-il que des maisons d'édition aujourd'hui sa rabattent sur une conception médiocre de la littérature ? J'ai du mal à m'y faire, chère Cora. Relèverez-vous le niveau ?

Cora D.: j'aime votre présence littéraire, même avec vos maladresses. Il y a quelque chose de pionnier dans votre travail. Pour moi, future profesionnelle de l'édition, il y a comme un aveuglement dans le monde de l'édition à ne pas avoir repéré l'importance de vos romans : vous abordez les thèmes qui agitent la société française. Un éditeur devrait repérer ça tout de suite. Mais je crois qu'on est passé du métier d'éditeur au travail de marketing. Merci en tout cas. Me donnerez-vous à lire votre dernier roman ?

R.B : avec le plus grand des plaisirs.  

 

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