hommage à quelques grands auteurs
Tout acte d'écriture est un acte de mémoire ; je ne vais pas me lancer dans un développement assez académique ("acacadémique" fait dire Beckett à Lucky dans En attendant Godot)sur "l'écriture comme palimpseste", stratification de la conscience et tout le baragouin universitaire qu'on nous balance en toute occasion pour justifier de tout et surtout de n'importe quoi quand il s'agit de n'importe quel écrivaillon dont on perçoit mal les intentions.
Non par acte de mémoire, j'entends simplement ici l'hommage conscient ou inconscient que l'on rend à d'autres écrivains qui ont forcé notre admiration, notre curiosité, notre irritation.
Voici quelques noms lancés ça et là.
Quand j'écris, je pense souvent à Saul Bellow, au gars de Chicago découvert dans Les aventures d'Augie March, puis à l'intellectuel tourmenté qu'il fait camper dans Herzog.
Plus près de nous, je songe à Philip Roth à l'écriture trucculente et crue ; à celui qui dissèque avec humour et vérité, la condition de l'homme actuel. De lui, j'ai tout lu, mais j'aime particulièrement Ma vie d'homme.
Avec tendresse, je plonge dans l'âpre humanisme de Bernard Malamud, qui ballote ses personnages de désillusion en désillusion : le grand espace américain se rétracte dans le néant de ses habitants comme dans Une nouvelle vie...
Ces auteurs incarnent, pour moi, une certaine définition de la contemporanéité en littérature. D'abord, parce qu'ils renvoient à travers l'individualité (actée)de leurs personnages, une image vivante et critique de la société américaine. Ces auteurs ont aussi parfaitement intégré, mais dans un récit lisible et jubilatoire, tout ce que la narratologie moderne a posé de principes (ces fameux flux de conscience de Virginia Woolf qui prennent le chemin de digressions éclairantes chez P.Roth)...
Il ya bien sûr toute la culture dite "classique" ; mais je voulais simplement, aujourd'hui évoquer ceux qui m'ont en quelque sorte permis de définir ce que pouvait être une littérature contemporaine.